Du 24 au 28 mars 2025, se tient la semaine de l'épargne salariale, une initiative nationale visant à sensibiliser les salariés, les employeurs et les partenaires sociaux aux dispositifs d'épargne salariale en entreprise. L’épargne salariale est accessible à toutes les entreprises, peu importe leur taille, leur activité ou leur forme juridique, dès lors qu’elles emploient au moins 1 salarié.
Cette épargne, parfois méconnue ou sous-utilisée, constitue pourtant un outil permettant aux salariés de bénéficier d’une part des résultats ou de l'effort collectif de l’entreprise, sous une forme d’épargne avantageuse fiscalement.
Une étude de l’Observatoire de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) montre que la part de salariés bénéficiant d’au moins un dispositif d’épargne salariale a peu évolué depuis 2023, sauf dans les entreprises de 11 à 49 salariés qui sont concernées par la nouvelle obligation légale de mise en place d’un dispositif de partage de la valeur.
L'épargne salariale regroupe un ensemble de mécanismes permettant aux salariés d'être associés financièrement à la performance de leur entreprise. Elle repose principalement sur quatre dispositifs : la participation, l'intéressement, le Plan d'épargne entreprise (PEE) et le Plan d'épargne retraite collectif (PERCOL).
En 2025, plusieurs évolutions réglementaires viennent renforcer ce dispositif. Cet article propose un point sur les nouveautés, puis un tour d'horizon complet des dispositifs d’épargne salariale.
1) Quelles sont les nouveautés issues de la loi Partage de la valeur applicables en 2025 ?
Promulguée en novembre 2023, la loi relative au partage de la valeur a introduit plusieurs mesures applicables progressivement jusqu'en 2025.
Elle impose notamment aux entreprises de 11 à 49 salariés, réalisant un bénéfice net représentant au moins 1 % du chiffre d'affaires pendant trois années consécutives, de mettre en place un dispositif de partage de la valeur, conformément à l’article L3346-1 du Code du travail. Cette mesure est entrée en vigueur au 1er janvier 2025, à titre expérimental pour une durée de 5 ans.
Il est possible de mettre en place cette prime de partage de la valeur de différentes façons :
- En mettant en place un accord d’intéressement ou de participation ;
- En abondant un plan d’épargne salariale (PEE, PEI, Perco ou Pereco) ;
- En versant une prime de partage de la valeur (PPV).
Par ailleurs, la prime de partage de la valeur (PPV), anciennement prime Macron, qui a été mise en place en 2022 par la loi portant mesures d'urgence pour la protection du pouvoir d'achat peut désormais être investie dans un PEE ou un PERCOL, ce qui permet au salarié de bénéficier d'une exonération d'impôt sur le revenu.
2) Quels sont les enseignements de l’étude OpinionWay menée par l’AMF ?
Cette étude révèle une légère progression de l’épargne salariale dans les entreprises de 11 à 49 salariés (49 % contre 44 % en 2023). Les dispositifs les plus utilisés restent :
- Intéressement (43 %) ;
- Participation (41 %) ;
- Abondement (26 %) ;
- PPV (16 %) ;
- Le PEE (72 %), suivi du PER collectif ou PERCO (50 %).
Si l’épargne salariale attire 86 % des salariés, seuls 13 % se disent capables de gérer leurs placements seuls, et 30 % connaissent l’existence de la gestion pilotée. 62 % souhaitent un accompagnement, en particulier les moins de 50 ans et les salariés de TPE/PME.
31 % des détenteurs ont effectué un versement volontaire en 2025, contre 24 % l’année précédente. 67 % préfèrent placer leur prime.
L’abondement et la défiscalisation sont les 2 principaux motifs d’épargne.
Côté dirigeants, 40 à 50 % des dirigeants de TPE/PME ont déjà mis en place un dispositif d’épargne salariale, principalement pour motiver (40 %), fidéliser (34 %) ou attirer (24 %) leurs collaborateurs. 86 % s’en disent satisfaits, alors pourtant que 26 % n’en maîtrisent pas encore les modalités réglementaires.
3) La participation : Un dispositif obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés
- La participation est prévue par les articles L3322-1 et suivants du Code du travail ;
- La participation consiste à redistribuer une partie des bénéfices de l'entreprise aux salariés ;
- Elle est obligatoire pour toute entreprise de 50 salariés ou plus ayant réalisé un bénéfice fiscal ;
- Le montant attribué aux salariés est calculé selon une formule légale, mais l'accord d'entreprise peut prévoir une formule plus favorable ;
- Les plafonds individuels sont inchangés, avec un maximum de 75 % du PASS, soit 35 325 € en 2025 ;
- Le salaire maximum pris en compte pour répartir la réserve spéciale de participation reste plafonné à 3 PASS, soit 141 300 € ;
- Les sommes versées sont bloquées pendant cinq ans, sauf cas de déblocage anticipés prévus à l'article R3324-22 du Code du travail ;
- Le versement immédiat reste possible si le salarié le demande, mais il est alors soumis à l’impôt sur le revenu (sauf en cas de placement sur un plan) ;
- La participation peut être placée dans un PEE ou un PER collectif, avec les avantages fiscaux associés (exonération d’IR si placement, mais CSG/CRDS à payer).
Depuis le 1er janvier 2025, les entreprises de 11 à 49 salariés doivent mettre en place un dispositif de partage de la valeur si elles réalisent un bénéfice net ≥ 1 % du chiffre d’affaires pendant trois années consécutives.
L’intéressement est l’un des dispositifs éligibles pour satisfaire à cette nouvelle obligation, au même titre que la participation, la PPV ou l’abondement sur un plan d’épargne salariale.
Un modèle-type d’accord de participation, validé par l’administration est disponible pour faciliter sa mise en œuvre sur le site du Ministère du Travail.
D’après l’étude Opinion Way de l’AMF en janvier 2025 :
- 41 % des salariés ont perçu une prime de participation en 2024 ;
- Ce taux est en progression dans les entreprises de taille intermédiaire ;
- La participation est perçue comme un levier fort de fidélisation et d’attractivité.
4) L'intéressement : Un levier facultatif mais stratégique
- L’intéressement est régi par les articles L3311-1 et suivants ;
- L'intéressement est un dispositif facultatif, quelle que soit la taille de l’entreprise ;
- Le montant de la prime d’intéressement est plafonné à 75 % du plafond annuel de la sécurité sociale (PASS), soit 35 325 € en 2025 ;
- Les sommes peuvent être versées directement ou placées dans un plan d'épargne pour bénéficier d'une exonération d'impôt sur le revenu ;
- L’intéressement repose sur un accord collectif ou une décision unilatérale, et permet de verser une prime conditionnée à l’atteinte d’objectifs ou de critères de performance collectifs (productivité, chiffre d’affaires, qualité, environnement, délais…) ;
- L’accord est conclu pour une durée de 1 à 3 ans, renouvelable ;
- Il doit respecter le principe d’égalité (ou proportionnalité selon la durée de présence ou la rémunération) ;
- Le salarié peut choisir de percevoir la prime immédiatement (imposable à l’IR) ou de la placer sur un plan d’épargne (exonérée d’IR, mais soumise à la CSG/CRDS) ;
- Les sommes peuvent être placées sur un PEE, un PER collectif, voire alimenter un compte épargne-temps.
Depuis le 1er janvier 2025, les entreprises de 11 à 49 salariés doivent mettre en place un dispositif de partage de la valeur si elles réalisent un bénéfice net ≥ 1 % du chiffre d’affaires pendant trois années consécutives.
L’intéressement est l’un des dispositifs éligibles pour satisfaire à cette nouvelle obligation, au même titre que la participation, la PPV ou l’abondement sur un plan d’épargne salariale.
Un modèle-type d’accord d’intéressement, validé par l’administration est disponible pour faciliter sa mise en œuvre sur le site du Ministère du Travail.
5) Le Plan d'épargne entreprise (PEE) : Un outil d'épargne à moyen terme
- Le Plan d’Épargne Entreprise (PEE) est régi par l’article L3332-27 du Code du travail ;
- Le PEE est un dispositif facultatif, mis en place à l’initiative de l’employeur, par accord collectif, référendum ou décision unilatérale dans les entreprises dépourvues de représentation du personnel ;
- Le PEE permet aux salariés de constituer une épargne à moyen terme, en bénéficiant d’un cadre fiscal et social avantageux ;
- Le PEE peut être alimenté par les primes d’intéressement et de participation (si le salarié choisit le placement), les versements volontaires du salarié (numéraires ou jours de congés), et les abondements de l’employeur ;
- Les sommes du PEE sont bloquées pendant 5 ans, sauf cas de déblocage anticipé (mariage, naissance, achat de résidence principale, invalidité, surendettement, etc.) ;
- L’employeur peut abonder les versements du salarié dans la limite de 8 % du PASS, soit 3 768 € en 2025. Si l’abondement est investi en titres de l’entreprise, ce plafond est majoré de 80 %, atteignant 6 782,40 € ;
- Le salarié peut verser jusqu’à 25 % de sa rémunération annuelle brute (hors abondement, participation, intéressement ou jours CET) ;
- Pour les salariés sans rémunération sur l’année (ex. contrat suspendu, congé parental), le plafond est fixé à 25 % du PASS, soit 11 775 € ;
- Tous les versements sont investis dans des supports financiers (FCPE, SICAV, actions...), à choisir parmi une gamme de fonds proposée par l’entreprise ou l’organisme gestionnaire.
6) Le Plan d'épargne retraite collectif (PERCOL) : Un horizon de long terme
- Le PER d’entreprise collectif, souvent appelé PERCOL, est un dispositif d’épargne retraite instauré par la loi PACTE (2019) pour remplacer progressivement le PERCO ;
- Le PERCOL permet aux salariés de constituer une épargne en vue de la retraite, tout en bénéficiant d’un régime fiscal et social avantageux, tant pour l’entreprise que pour les collaborateurs ;
- Le PERCOL est mis en place par accord collectif, référendum ou décision unilatérale, comme le PEE ;
- Les sommes versées sur un PERCOL sont bloquées jusqu’au départ à la retraite, mais certains cas de déblocage anticipé sont prévus (achat de la résidence principale, décès du conjoint ou du partenaire de PACS, invalidité, surendettement, expiration des droits au chômage, etc…) ;
- À la retraite, le salarié peut choisir entre une sortie en capital, en rente viagère ou une combinaison des deux, selon les modalités définies dans le plan ;
- Le PERCOL peut être alimenté par plusieurs canaux : participation, intéressement, versements volontaires du salarié, transfert d’autres plans (PERCO, PERP, article 83, etc.), et abondement de l’employeur ;
- L’abondement de l’employeur est plafonné à 16 % du PASS, soit 7 536 € ;
- Les versements volontaires du salarié ne sont pas plafonnés légalement dans le PERCOL (contrairement au PERCO), mais sont déductibles du revenu imposable dans la limite de 10 % du revenu net imposable, plafonné à 8 PASS. En 2025, cela équivaut à une déduction fiscale comprise entre 4 636,80 € et 37 094,40 €, avec possibilité de report sur 3 ans si le plafond n’est pas utilisé.
Tableau récapitulatif des dispositifs d’épargne salariale en 2025
Dispositif | Caractère | Blocage | Fiscalité salarié | Avantage employeur |
---|---|---|---|---|
Participation | Obligatoire ≥50 salariés | 5 ans | Exonération IR + CSG/CRDS | Exonération de charges, déduction fiscale |
Intéressement | Facultatif | Optionnel (PEE/PER) | Exonération IR si placé | Souplesse, mobilisation des équipes |
PEE | Facultatif | 5 ans | Exonération IR sur gains | Fidélisation, abondement déductible |
PERCOL | Facultatif | Jusqu'à la retraite | Exonération IR + déductibilité éventuelle | Préparation retraite salariés |
PPV investie | Facultatif | Selon plan choisi | Exonération IR si placé | Prime optimisée socialement et fiscalement |
Tableau récapitulatif des plafonds 2025 en matière d’épargne salariale et retraite
Dispositif / Plafond | Montant 2025 estimé |
---|---|
Plafond annuel de la Sécurité Sociale (PASS) | 47 100 € |
Abondement employeur sur un PEE (8 % du PASS) | 3 768 € |
Abondement PEE en titres de l’entreprise (8 % PASS × 1,8) | 6 782,40 € |
Abondement employeur sur PERCO ou PERCOL (16 % du PASS) | 7 536 € |
Prime de Partage de la Valeur (PPV) investie avec accord collectif (intéressement/participation) | 3 000 € ou 6 000 € |
Versement volontaire du salarié (PEE ou PERCO) | 25 % de la rémunération annuelle brute |
Versement volontaire salarié sans rémunération (ex. contrat suspendu) | 11 775 € (soit 25 % du PASS) |
Plafond individuel de versement au titre de l’intéressement (75 % du PASS) | 35 325 € |
Plafond individuel de versement au titre de la participation (75 % du PASS) | 35 325 € |
Salaire maximum pris en compte pour la répartition de la participation (3 PASS) | 141 300 € |
Exonération sociale – cotisations retraite (article 83 ou PER entreprise) | Jusqu’à 11 775 € ou 5 PASS (selon le salaire) |
Exonération fiscale – cotisations retraite obligatoires | Jusqu’à 30 144 € ou 8 PASS (selon le salaire) |
Plafond déductible des versements volontaires retraite (PER, PERCO, art. 83…) | Entre 4 636,80 € et 37 094,40 € |
Actions gratuites versées dans le PEE (7,5 % du PASS) | 3 532,50 € |
En conclusion, l'épargne salariale représente un véritable levier d'engagement et de performance pour les entreprises, tout en offrant aux salariés un cadre fiscalement avantageux pour construire leur avenir.
En 2025, avec la mise en œuvre des nouvelles obligations issues de la loi Partage de la valeur, toutes les entreprises, même les plus petites, sont invitées à s'approprier ces outils et à les inscrire dans une stratégie sociale durable et transparente.
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